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le nouveau monde

son nom[1] et bientôt on saurait en Europe qu’un vaste continent se dressait sur la route de l’Asie dont le séparait un océan d’une immense étendue. Cette fois c’était bien un « nouveau monde »… Qu’était-il ?

Rien n’y était nouveau : ni la terre ni les hommes. Le sol, de formation géologique ancienne, se divisait en deux masses continentales de figure triangulaire posées l’une au dessus de l’autre : celle du sud en retrait vers l’est par rapport à celle du nord. Un ruban de terres contournées les liait entre elles. D’un bout à l’autre — de la terre de Feu à l’Alaska — un gigantesque plissement montagneux côtoyait, ininterrompu, le rivage occidental tandis que la partie orientale, à l’exception de deux chaînes isolées — les Alleghanys dans l’hémisphère nord, la sierra de Mar dans l’hémisphère sud — se trouvait partagée entre forêts immenses et plaines interminables. Un système hydrographique d’une grandiose simplicité parachevait la symétrie, le Magdalena, l’Orénoque, l’Amazone, le Parana… faisant pendant au Yukon, au Mackenzie, au Saint-Laurent et au Mississipi.

L’échelonage des populations ne présentait pas moins de particularités. D’une façon générale l’est américain était plongé dans la barbarie. C’est vers l’océan Pacifique que fleurissait la civilisation. Cela est exact de l’Amérique du nord demeurée très retardataire puisqu’à l’époque des voyages de Colomb, elle était encore quasi néolithique et que dans la région du Colorado seulement, les indigènes commençaient à se servir de briques crues pour édifier leurs pueblos rudimentaires ; cela est bien plus exact de l’Amérique du sud où, en regard des peuplades sauvages qui parcouraient les forêts brésiliennes ou les pampas argentines subsistaient sur les hauts plateaux des Andes de puissants empires organisés et armés. Enfin dans l’Amérique centrale, tandis qu’au Guatémala et au Mexique s’était développée une remarquable prospérité, les plus belles îles des Antilles — ces îles dont Colomb émerveillé avait écrit « qu’on y voudrait vivre à jamais car on n’y conçoit ni la douleur ni la mort » — étaient aux mains

  1. Magellan ayant traversé tout l’océan Pacifique aborda en 1521 aux Philippines. Il y fut tué par des indigènes. Un des navires de son escadrille parvint jusqu’au cap de Bonne-espérance et rallia Lisbonne en 1522. Les dix-huit hommes qu’il portait avaient ainsi accompli le premier tour du monde.