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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome IV, 1926.djvu/62

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histoire universelle

d’hommes aussi peu avancés intellectuellement que matériellement.

Trois foyers brillaient : les Mayas et les Aztèques au Mexique, puis les Chibchas ayant leur centre sur le plateau de Bogota, enfin l’empire des Incas qui englobait autour de Cuzco, sa capitale, les régions correspondant à peu près à l’Équateur, au Pérou et à la Bolivie modernes. Entre Tucuman et Mendoza d’une part, vers le Honduras et le Nicaragua de l’autre, vivaient des peuplades qui sans être parvenues au même degré de culture tendaient à s’en approcher. Ce qui concerne le passé de ces États nous est encore mal connu. On croit savoir que vers le vime siècle de l’ère chrétienne, les grandes cités mayas de la région guatémalienne, Palenque, Tikal, Copan déchurent après une période de splendeur et qu’une migration se produisit. Ayant franchi les forêts épaisses qui séparent le Guatémala du Yucatan et qui sont encore à peine explorées, les Mayas s’établirent dans cette vaste et sèche presqu’île. Alors furent fondées Chichen Itza, Uxmal, Mayapan cités prestigieuses dont les ruines recouvrent des espaces considérables. Plus tard les Mayas auraient été subjugués par des Aztèques qui auraient fait de Chichen Itza une ville sainte dont la renommée se serait prolongée jusqu’au milieu du xvme siècle, En ce temps Tenochtitlan (la future Mexico) devait être vieille de deux siècles à peine. Il y avait là des sortes de confédérations urbaines rappelant celles du premier âge romain — et des démocraties militaires dont les chefs paraissent s’être mués peu à peu en souverains sans que cette souveraineté revêtit le caractère théocratique de la monarchie des Incas et que les chefs en fussent divinisés comme ce fut le cas au Pérou.

Ces civilisations reposaient sur un extraordinaire mélange de connaissances approfondies et d’ignorances fondamentales. Elles furent entravées par deux défectuosités essentielles provenant l’une de la nature, l’autre de l’homme. La nature ne fournissait point d’animaux de trait ni d’animaux laitiers. L’homme, de son côté, ne sut pas découvrir la roue c’est-à-dire le principe de toute mécanique efficace. Les transports, dès lors, étaient condamnés à demeurer embryonnaires. Mais en dehors de ces faits précis, d’autres caractéristiques se révèlent auxquelles l’esprit s’attache avidement car elles sont propres sinon à élucider un grand mystère, du moins à jalonner de quelques lueurs nos recherches scientifiques. Tout ce que nous apprennent ces recherches, conduites jusqu’ici de façon opiniâtre bien que trop