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Page:Courant - En Chine les effets de la crise, intentions de réforme, 1901.pdf/11

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EN CHINE : LES EFFETS DE LA CRISE, INTENTIONS DE RÉFORME.

fane dans le Temple du Ciel, certains diplomates se sont installés dans une salle consacrée à quelques rites spéciaux de la dynastie mantchoue. Mais il y a autre chose que cette sorte d’exécration de la ville impériale. L’article 7 du protocole détermine les limites du quartier qui sera désormais réservé aux légations, où ne pourra résider aucun Chinois, toutes les propriétés de l’État étant confisquées et tous les terrains et maisons des particuliers étant expropriés moyennant indemnité. C’est là que vivront les ministres avec leur personnel, avec leurs 2 000 hommes de garde : c’est là qu’ils ont commencé d’amasser des armes et d’élever des fortifications. Or cette petite citadelle, de Tshien-men à Ha-ta-men, entre la muraille sud de la ville tartare et celle de la ville proprement impériale, est contiguë au Palais, dont les hôtes augustes pourront sentir leur indépendance et leur prestige atteints par ce voisinage insolite. Les forts de Ta-kou rasés (art. 8), les points intermédiaires désignés par l’art. 9 entre Péking, Ta-kou et Chan-hai-koan, étant occupés par des troupes étrangères, il n’en résultera pour le Fils du ciel aucune impression de sécurité. S’il est juste, nécessaire de protéger les représentants étrangers, d’assurer leurs libres communications avec la mer, on ne pourra s’étonner que le gouvernement nourrisse quelque méfiance à l’égard d’une capitale si bien gardée. Peut-être l’Empereur y rentrera-t-il cependant : les traditions de la dynastie, les habitudes des dynasties précédentes depuis le xiiie siècle, la position centrale de Péking au nœud des routes fluviale et terrestres, le voisinage de la Mantchourie, terre d’origine de la famille impériale et de la race dominante, le nombre des Mantchous qui sont propriétaires dans la province du Tchi-li et qui fournissent des recrues toujours prêtes pour les Bannières, tout cela doit ramener le souverain à Péking. Le départ de Si-ngan, fixé au 1er septembre, puis au 6 octobre, a été effectué, la Cour est dans les environs de Khai-foug ; mais on parle d’un séjour plus ou moins long dans cette ville provinciale : et l’on peut croire que si le Fils du ciel revient dans sa Capitale, ce sera avec l’idée de s’évader à la première alerte.

Malgré l’attitude satisfaisante du gouvernement actuel, il s’en faut que la rupture soit complète avec le parti xénophobe qui était précédemment au pouvoir ; avec beaucoup d’adresse et de dignité, la Cour et ses négociateurs, en abandonnant les personnages les plus compromis, ou ceux qui ne pouvaient être sauvés, ont défendu les principaux chefs qui tenaient de plus près à la personne de l’Empereur. Au premier jour, certaines Puissances avaient déclaré qu’avant