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Page:Courant - En Chine les effets de la crise, intentions de réforme, 1901.pdf/10

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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

volontairement des gages à l’opinion modérée et aux étrangers, qui ne verraient pas sans crainte sur le trône le fils du prince de Toan.

Les fonctionnaires qui ont été choisis ou maintenus en place, ne sont sans doute pas tous partisans des réformes, mais ne sont pas non plus des réactionnaires. Tchang Tchi-tong, Lieou Khoen-yi, Yuen Chi-khai, ce dernier grand favori des correspondants du North China Herald, malgré la position prise par lui en 1898, sont toujours à la tête de leurs gouvernements. Tshen Tchhoen-hiuen, nommé gouverneur du Chàn-si, puis du Chan-si, est un homme honnête, résolu, dépourvu de préjugés anti-étrangers. Les autres vice-rois et gouverneurs n’ont pas fait parler d’eux en mauvaise part. Au ministère des affaires extérieures (oai oou pou), on trouve le prince de Khing, qui a si longtemps présidé le Tsong-li yamen, supprimé aujourd’hui, et qui a, peu énergiquement il est vrai, défendu les étrangers à l’époque du siège ; avec lui Oang Oen-chao, intelligent, affable, jadis membre du Tsong-li yamen, puis vice-roi ; au-dessous d’eux, Siu Cheou-pheng précédemment ministre en Corée, Lien-fang homme intègre, longtemps fonctionnaire à Thien-tsin auprès de Li Hong-tchang, connaissant bien la France et parlant admirablement le français. Je ne parle pas des fonctionnaires moins en vue, parce qu’ils ont moins de rapports avec les Européens, ni de ceux de rang inférieur, mais d’importance non moindre pour le maintien de l’ordre, intendants, préfets, sous-préfets : le North China Herald même signale plusieurs de ces mandarins qui accueillent les missionnaires. anglais de retour dans leurs chrétientés, les invitent à dîner, s’efforcent de régler leurs affaires et d’assurer leur protection.

Ainsi l’esprit de la Cour et de l’administration semble plein du désir de rétablir ou de continuer des relations pacifiques. Un point important pour l’avenir de ces relations, c’est le retour du gouvernement à Péking. Il ne servirait de rien, en effet, d’avoir réglé d’une façon nouvelle et facilité, il faut l’espérer, les rapports entre les représentants étrangers et l’Empereur (art. 12 du protocole), si celui-ci devait rester dans une province éloignée : mais il faut aussi comprendre les sentiments qui peuvent le retenir loin de sa Capitale. Une partie de ces palais et de ces temples consacrés par le culte et le respect des anciens souverains et de leurs ministres, toujours interdits à l’oisiveté, à la curiosité du vulgaire, a été pillée, brûlée, souillée par la présence des étrangers ; les officiers de l’un des corps d’occupation ont jugé bon de donner une fête toute pro-