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Page:Courant - En Chine les effets de la crise, intentions de réforme, 1901.pdf/14

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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

décrets impériaux tirent les conclusions des faits de l’an dernier et déclarent la nécessité des réformes. On sent qu’il faut une administration honnête et, pour l’acquérir, on préconise l’augmentation des traitements, la suppression des gains illicites ; quelques-uns donnent l’exemple, comme ce tao-thai qui a effectué un transport de riz de Oou-tchhang à Si-ngan à raison de 3 taëls par picul et qui s’est attiré les éloges de l’Impératrice douairière et les reproches de ses collègues. Un décret du 26 août prescrit des mesures tendant à l’unification financière : création d’une piastre-étalon et de pièces divisionnaires d’argent et de cuivre qui seront frappées par les monnaies de Canton, de Nanking et de Oou-tchhang, toutes les autres monnaies provinciales devant être fermées ; déjà (3 juin) avaient été supprimés les tributs en nature dont l’envoi grevait de frais élevés le trésor et les populations, alors que les mêmes denrées se trouvent à meilleur compte dans le commerce ; l’ancien système n’est maintenu que pour quelques produits spéciaux, thés et médicaments par exemple, ainsi que pour les grains qui forment une part importante des impôts fonciers : l’abolition du transport officiel des grains entraînerait des modifications trop complexes dans la perception et dans les habitudes économiques, elle ne peut donc être prononcée sans une étude approfondie. Des réductions dans le personnel administratif ont été opérées par décrets du 28 mai pour Péking, du 3 juin pour les provinces ; la vente des offices a été interdite (11 septembre) : il sera sans doute moins facile d’empêcher les candidats aux charges et les petits mandarins de faire à leurs supérieurs les présents habituels qui chargent leur budget. Pour en finir d’un coup avec tous les abus existant dans les bureaux de la Capitale, un décret (28 mai) a annulé les règlements et recueils de précédents mis au jour depuis l’origine de la dynastie, désormais toutes les affaires seront traitées selon la raison et en appréciant les circonstances : ces nouveaux principes seront d’autant plus faciles à appliquer que la plus grande partie des archives a péri dans les troubles de l’an dernier. Le prince de Khing a exprimé récemment les idées qui se font jour, lorsque, prenant possession du sceau d’une charge, il a refusé les prosternements de ses nouveaux subordonnés, déchiré la liste des cérémonies à accomplir, en disant : Nous périssons par l’abus des formes vides ; ce dont nous avons besoin à l’heure présente, c’est de nous réformer.

Avec l’administration et les finances, avec l’armée, sur laquelle une enquête est prescrite, ce que l’on veut modifier, c’est la formation et le recrutement des fonctionnaires. Le gouverne-