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Page:Courant - En Chine les effets de la crise, intentions de réforme, 1901.pdf/9

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EN CHINE : LES EFFETS DE LA CRISE, INTENTIONS DE RÉFORME.

Seu-tchhoan par ses idées éclairées, en dernier lieu acolyte du prince de Toan et de Kang-yi ; c’est enfin Yong-lou, propre neveu de l’Impératrice, dont on se rappelle le rôle dans le coup d’État de septembre 1898 et qui semble avoir l’an dernier, par son opposition, modéré les fureurs du parti xénophobe.

En face des pessimistes, on trouve aussi des optimistes, parmi les hommes même dont l’opinion est le plus autorisée. Les troupes chinoises, disent-ils, font respecter l’ordre qu’ont troublé trop souvent les aveugles expéditions de châtiment entreprises par quelques contingents étrangers ; le commerce indigène reprend à Péking où la Cour va bientôt rentrer ; la leçon reçue par les Chinois a une portée morale qu’étendent encore les exemples donnés par les contingents étrangers. — À en croire, en effet, les éloges décernés par les correspondants et les orateurs de chaque nation aux troupes de leur propre nationalité, l’armée étrangère aurait été formée de héros et de saints ; en ne conservant, il est vrai, que les points divergents de toutes ces déclarations, on arrive à une appréciation différente.

Laissons donc de côté toutes ces opinions et tâchons de réunir, d’interpréter les faits qui sont venus à notre connaissance. À la Cour, c’est-à-dire à Si-ngan, la situation n’a guère changé ; le légitime et faible Empereur règne, la non moins légitime Impératrice douairière gouverne. Le parti violent auquel, de gré ou de force, elle avait l’an dernier laissé la direction des affaires, a amené les étrangers à Péking, n’a pas su assurer aux souverains une fuite décente ; cette politique a été jugée à ses fruits. Avec la discrétion et l’indulgence qui étaient de rigueur envers le prince de Toan, père de l’héritier présomptif et cousin germain de l’Empereur, envers Tong Fou-siang général au milieu de ses troupes, ces deux personnages ont été peu à peu écartés des conseils ; sans doute, on leur a présenté leur retraite comme un sacrifice à faire à la cause impériale que leur présence à Si-ngan compromettait ; mais, en même temps, on s’est appuyé sur la cavalerie du Kan-sou commandée par Tshen Tchhoen-hiuen et sur l’armée de Yong-lou, qui avaient déjà servi d’escorte dans la fuite vers l’ouest. L’héritier présomptif choisi en janvier 1900 a quitté Si-ngan ; on a pris prétexte de son insubordination, de son goût des plaisirs peu relevés, pour le renvoyer à son père en Mongolie ; on chercherait même à le remplacer, fait qui n’aurait rien d’anormal aux yeux des Chinois : par là on donne