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Page:Courant - La vie politique en Extrême-Orient, 1903.pdf/17

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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

prince mongol, des Mantchous se sont rendus au Japon ; deux frères de l’Empereur, a-t-on dit, iraient aux États-Unis, en Europe, l’un en mission, l’autre pour étudier ; ce sont des projets inouïs dans l’histoire chinoise, il serait difficile que ces voyages n’eussent pas d’influence sur les idées de la Cour.

La presse ; le droit de réunion et de discussion ; question de juridiction. — Au début de mai, le bruit courut que le gouverneur du Koang-si avait obtenu des Français un appui en hommes et en argent contre les rebelles de la province. Ce bruit excita l’indignation des journaux anglais de Chang-hai, puis des Chinois progressistes qui suivent leurs inspirations ; un meeting de protestation eut lieu dans les Chang-su-ho’s gardens, des télégrammes enflammés furent lancés, mais bientôt la Cour condamna les agitateurs et interdit toute réunion. On agit de même à Péking, à Thien-tsin, à Ngan-khing envers des étudiants et professeurs qui discutaient dans des réunions les affaires publiques et offraient leurs conseils et leur aide aux autorités.

Des articles violents contre le gouvernement ayant paru dans le Sou-pao en juin, cinq Chinois attachés à ce journal furent arrêtés le 30 juin sur la demande du tao-thai de Chang-hai, par la police de la concession internationale où ils résidaient ; il avait été convenu qu’ils seraient jugés par la cour mixte, mais le vice-roi prescrivit à son subordonné de réclamer la remise des inculpés qui seraient jugés par les magistrats chinois. Les inculpés étant chinois, aucun étranger n’étant impliqué, la demande du vice-roi peut sembler conforme aux traités ; mais la qualification du fait est bien différente suivant les législations : délit de presse pour nous, lèse-majesté et rébellion aux yeux des Chinois. La situation juridique des concessions n’est d’ailleurs pas si nettement établie qu’il n’y ait de bonne foi doute sur le droit. L’affaire est devenue un incident diplomatique ; contre le Oai-oou-pou, les légations d’Angleterre d’abord, puis de France, et quelques autres ont maintenu que les inculpés doivent être jugés sur la concession internationale. Sans doute les concessions étrangères ne peuvent devenir une terre d’asile où se commettent impunément des attaques contre le gouvernement du pays ; mais il est inadmissible de livrer les inculpés quand il y a une pareille divergence dans la qualification et dans la peine. La raison même et le soin du prestige des étrangers sont ici d’accord. Le procès n’a pu encore commencer et les journalistes sont toujours en prison.

Rébellions, sociétés secrètes. — Des troubles ont eu lieu au début de l’année au Seu-tchhoan, au printemps entre Yun-nan, Mong-tseu