Aller au contenu

Page:Courant - La vie politique en Extrême-Orient, 1903.pdf/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
842
ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

II. — Corée.

Les institutions récentes. — On ne trouve pas en Corée cette multiplicité d’efforts étrangers ou indigènes qui est remarquable en Chine. Ni la population par la misère des uns, par l’égoïsme et l’avidité des autres, n’est en état de prendre intérêt au développement du pays ; ni le sol n’est assez vaste et assez riche pour que l’exploitation en soit fructueuse ; aussi ne rencontre-t-on comme étrangers que ceux qui ont un intérêt politique de contiguïté et ceux qui peuvent se contenter de petits bénéfices, les Russes, les Japonais, les Chinois.

« La Chine vend toutes les soieries, le Japon, la majeure partie des cotonnades. Ce sont là les gros articles. Les pays d’Occident n’ont même pas l’espoir de fournir à la petite demande d’objets manufacturés : le Japon est là avec sa camelote… Le gouvernement n’use pas des aptitudes des étrangers qu’il a pourtant appelés à son service. En dehors des douanes qui ont appelé en Corée vingt-trois Européens et sont dirigées par un Anglais, M. Mac Leavy Brown, le gouvernement coréen a appelé à son service une vingtaine d’étrangers dont les deux tiers sont Français. C’est un Français qui a été chargé de codifier les lois coréennes ; un autre Français dirige les postes. Nos compatriotes sont encore à la tête du service des mines, du chemin de fer en construction de Seoul à Eui-tjyou, de l’usine céramique en projet. Par contre un Japonais a été appelé pour diriger l’agriculture et le commerce. Un Danois dirige les télégraphes. Un Russe a été appelé pour fonder une verrerie, un autre pour diriger une entreprise d’élevage de moutons et une fabrique de drap. Enfin le gouvernement coréen a des collèges impériaux pour répandre le français, l’anglais, l’allemand, le russe, le chinois, et le japonais. De toutes ces fondations, seuls les postes et télégraphes et les écoles ont une réalité. Mais les mines, l’agriculture, le chemin de fer de Eui-tjyou, la verrerie, la fabrique de drap, l’usine céramique n’existent pas. Les étrangers appelés pour les diriger se morfondent en des loisirs simplement effroyables. Il en est des réformes et des créations coréennes comme des achats de l’Empereur. C’est le produit confus de velléités qui ne pouvaient aboutir[1]. »

La Corée fait partie de l’Union postale depuis le 1er janvier 1900 (37 bureaux de plein exercice).

  1. En Corée, par R. de Caix, Bulletin du Comité de l’Asie française, 1903, p. 259, etc., passim.