Aller au contenu

Page:Courier Longus 1825.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reprirent la route de leurs maisons, craignant l’hiver et les ennemis.

Ainsi s’en alloient les Méthymniens à force de rames, faisant peu de chemin ; car le temps fut si calme, qu’il ne tiroit ni vent ni haleine quelconque ; et Daphnis sorti de son creux, après que tout ce bruit fut passé, s’en vint dans la plaine où leurs bêtes avoient coutume de pâturer, et n’y voyant plus ni ses chèvres, ni les brebis, ni Chloé, mais seulement les champs tout seuls, et la flûte de laquelle Chloé se souloit ébattre jetée là, se prit à crier et pleurer, et en soupirant amèrement, s’en couroit tantôt sous le fouteau à l’ombre duquel ils avoient accoutumé de se seoir, tantôt au rivage de la mer, pour voir s’il la trouveroit point, et tantôt dans l’antre des Nymphes où il l’avoit vue fuir, et là, se jetant par terre devant leurs images, se complaignit à elles, disant qu’elles lui avoient bien failli au besoin : « Chloé, disoit-il, vient d’être arrachée de vos au-