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Page:Courier Longus 1825.djvu/75

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tels, et vous avez bien eu le cœur de le voir et l’endurer ! elle qui vous a fait tant de beaux chapelets de fleurs ! elle qui vous offroit toujours du premier lait ! elle qui vous a donné ce flageolet même que je vois ici pendu ! Jamais loup ne me ravit une seule de mes chèvres, et les ennemis m’ont maintenant ravi le troupeau entier et ma compagne bergère aussi. Mes chèvres, ils les tueront et écorcheront incontinent ; les brebis, ils en feront des sacrifices aux Dieux ; et Chloé demeurera en quelque ville loin de moi. Comment oserai-je à cette heure m’en aller devers mon père et ma mère, sans mes chèvres, sans Chloé, pour être désormais misérable manœuvre ; car il n’y a plus chez nous de bêtes que je pusse garder. Mais non, je ne bougerai d’ici, attendant la mort ou d’autres ennemis qui m’emmènent aussi. Hélas ! Chloé, es-tu en même peine que moi ? te souvient-il de ces champs ? as-tu point de regret aux