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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/248

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recherchait à présent dans le désir de ne contrister personne par une humeur qui la rendait incapable de farder sa mélancolie. Bien que la joie des siens lui fût un baume, elle en ressentait une sorte de malaise, comme un approfondissement de sa peine. Tout lui était à charge : jusqu’à Péro qui, devenu turbulent dans la maison réveillée, semblait l’importuner parfois de son babillage et de ses jeux…

— Voyons, fille, disait doucement le paralytique quand, les yeux rougis, elle prenait place aux repas, sois raisonnable… Pense, comme « il » doit être malheureux en voyant que tu pleures encore et que le retour de ses plus chers amis ne te cause aucun soulagement… Les morts s’affligent de notre chagrin.

— Allons, Camille, faisait à son tour la bonne tante, mange… Mange donc un peu ! C’est pour toi qu’Adélaïde a préparé ce petit plat !

Attendrie, elle faisait effort pour répondre à tant de sollicitude, tout en se disant qu’il leur était facile de ne plus être sombres puisque l’enfant les avait ressuscités à une vie de tendresse et de bonheur. Ils pouvaient oublier, eux !

Ce qui la désolait aussi, c’est l’attitude des Lust et de Bernard qui, moins délicats que ses parents, ne semblaient plus compatir à son chagrin ; n’osaient-ils pas se risquer à de gais propos, y mêler même brutalement le souvenir de Prosper ?

— Ma foi, s’exclamait le contremaître, qui sait les belles histoires que ses amis vont rapporter de là-bas ? Pour sûr qu’elles vous conso-