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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/110

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FERDINAND MOSSELMAN

— C’est bon, monsieur Pierre, répondit Mosselman en congédiant l’huissier, je le porterai moi-même.

Il haussa les épaules, descendit de sa haute chaise et, s’emparant d’une échelle, il vint l’appuyer contre un mur d’épaisses paperasses.

Il gravit les degrés avec agilité et dégagea, non sans peine, le dossier 239 sur lequel il appliqua une violente claque, qui fit jaillir une superbe poussière. Puis, la digue de Heyst sous le bras, il s’apprêtait à regagner le plancher, quand, par-dessus les demi-rideaux de la fenêtre, il vit le ciel resplendissant et le Parc dont les puissantes frondaisons, givrées de rose, annonçaient le réveil de la terre.

Il demeurait sur son échelle ; de nouveau, ainsi qu’au début de la matinée, il sentit le pénétrer une langueur douce, inexprimable. Il s’intéressa longuement à deux ramiers qui bâtissaient un nid dans la fourche d’un grand orme. Puis, son regard plongeant des cimes jusqu’à terre, il aperçut dans une allée, à travers le treillis des charmilles, des bébés qui jouaient avec des seaux et des pelles autour d’un vieux banc. Et son cœur en fut tout remué. Jamais la vue des petits enfants ne l’avait attendri comme cela ! La romance travaillait en lui.