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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/109

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FERDINAND MOSSELMAN

croire qu’il imitait ainsi le grand monde. Sa flamme avait été brève, car, tout de suite, il avait appris comme c’est un mince bonheur de partager une femme avec un brave homme de mari, dénué de toute espèce de jalousie romantique et, pour trancher le mot, légèrement imbécile… Maintenant, il détestait cette femme, l’accablant d’une rancune qui, en un moment, se gonflait de griefs irrémissibles. Elle lui apparaissait comme une créature mauvaise, fatale, qui l’avait détourné du bonheur… Sans doute, c’était à cause d’elle qu’il était passé comme un sot, sans la voir, tout près de cette belle Adolphine Platbrood, qui l’eût aimé s’il avait voulu. Et il frémissait aussi à la pensée que les coquetteries perverses d’une Messalinette avaient tué la pauvre Mme Keuterings, dont le corset pathétique remuait parfois encore dans son âme toute une vase de remords !

Il tapa du poing sur son pupitre, d’un coup si furieux que le porte-plume, le grattoir et la « gomme » tressautèrent sur l’encrier.

— Il faut rompre ! s’écria-t-il, et il s’emportait dans un monologue imprécatoire, quand la porte du bureau s’ouvrit brusquement et parut un vieux garçon de salle :

M. Verbist demande le dossier 239 : Terrains de la digue de Heyst.