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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/112

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FERDINAND MOSSELMAN

Oui, il excusait, il comprenait maintenant son extérieure indifférence, car il est humain de ne point convenir qu’on a manqué de jugement et de goût.

Son ardent désir rachetait aujourd’hui son incuriosité, et parait Mlle Verhoegen d’une poésie, qu’il lui semblait — en ce moment éréthique — que la possession dût accroître encore, au lieu de la faire cesser brusquement, comme prétendent les psychologues exercés.

Il ne s’étonna même pas que ses idées le menassent très franchement sur la pente du mariage. En quelques heures, une transformation singulière s’était opérée en lui. Son esprit très sensible, mais frivole, soudain s’était rempli de sagesse et de réflexion. Il lui venait de graves pensées sur l’existence : il entrevoyait son but. Il restait un peu effrayé devant l’indolence de sa vie et jurait de s’occuper désormais à des choses utiles. D’ailleurs il venait de doubler la trentaine, il était temps, bientôt il serait un « old boy ». Il songeait aussi qu’une femme ne manquerait pas de lui donner une sorte de prestige auprès de ces chefs, que la jeunesse et le célibat de leurs subordonnés irritent parfois comme des avantages dont ils pensent qu’ils n’ont jamais joui… Et il