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FERDINAND MOSSELMAN

voudrais avoir une ficelle très mince mais très solide ; vous savez, c’est pour faire monter le cerf-volant de mon petit cousin Gustave.

— Voilà, dit le bonhomme en jetant sur le comptoir des pelotes de toutes grosseurs, choisissez…

Puis, sans cesser de braquer ses yeux affilés sur Mosselman, il poursuivit :

— Oui, je suis quarante-trois ans dans la maison ! Ça commence à compter ! J’ai vu le mariage du grand-père, j’ai assisté à la noce du fils, et, qui sait, ce sera encore fête bientôt dans la famille…

À ces mots, Ferdinand, les mains reliées par une ficelle qu’il tendait par saccades violentes pour en éprouver la solidité, laissa tomber ses bras sur le comptoir et devint très pâle.

— Une fête bientôt, murmura-t-il, comment ça ?

Pour toute réponse, Jérôme fit un petit hochement de tête du côté de la serre. Alors, une angoisse inexprimable lacéra le cœur du jeune homme.

— Trop tard ! gémit-il tout haut, et, d’un effort enragé, il rompit la ficelle passée autour de ses mains.

— Sapristi, vous saignez ! s’écria le commis.