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FERDINAND MOSSELMAN

Elle fit semblant de ne pas entendre, et, très agitée, s’occupa à déplier des linges. Vite, elle déboucha un flacon d’arnica dont elle épancha quelques gouttes dans l’eau de la cuvette.

— Allons, dit-elle au jeune homme, muet de ravissement, un peu de courage, baignez votre main, c’est cela…

— Oh, oh ! ça pique rudement ! s’écria Mosselman en faisant une grimace de torturé.

— Ça n’est rien, c’est seulement les premiers moments… Mon Dieu, que va dire votre bonne maman ?

Le vieux commis les avait quittés pour aller servir quelques clients : ils restèrent seuls, invisibles derrière l’échelle double et les tas de pelotes de ficelle qui encombraient l’étroit comptoir.

— Grand’maman va certainement me gronder, reprit Mosselman en riant.

— Je pense, dit Thérèse, que ce tête-à-tête avec le charmant blessé commençait à effaroucher un peu, je pense que vous pouvez maintenant retirer votre main…

— Vous croyez… Elle est pourtant si bien comme ça, et je suis si heureux, moi, de pouvoir vous regarder ainsi tout à l’aise, de vous trouver si bonne, si gentille…