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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/128

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FERDINAND MOSSELMAN

À cet aveu, la jeune fille perdit contenance.

— Oh, poursuivit Ferdinand d’une voix lente et pénétrée, je sais bien, vous êtes très indifférente. Vous n’avez jamais voulu me parler chez les Van Poppel, ni nulle part. Vous m’avez toujours évité avec soin. Dites, on a donc raconté des choses terribles sur moi… Je vous fais peur… Hein, j’ai une très mauvaise réputation…

— Oh, monsieur Ferdinand ! protesta Mlle Verhoegen en baissant les yeux.

— Oui, continua Mosselman, relevant sa manchette qui glissait dans l’eau, ce n’est pas possible autrement. Vous m’avez toujours témoigné la plus grande froideur. Si, si, ne dites pas non, je le sens, vous ne m’aimez pas… Depuis longtemps, je suis triste, et si, parfois, vous m’avez vu exubérant et gai dans ces réunions où vous me tendiez à peine la main, c’est que je voulais étourdir le chagrin qui me venait de vous… oui, qui me venait de vous… Mais, s’écria-t-il avec une véhémence progressive, je ne saurais plus vivre ainsi ! Vous me rendez bien malheureux… Tenez, depuis ce matin, il me semble que j’ai commencé une vie nouvelle, je suis un autre homme… Pardonnez-moi, mademoiselle Thérèse, mais je sens que je vous aime de tout mon cœur…