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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/159

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FERDINAND MOSSELMAN

l’espace une rude bourrade d’encouragement. Il se décida enfin et, s’avançant vers la jeune fille toujours prostrée :

— Thérèse ! murmura-t-il.

Il attendait, ému, la tête légèrement versée sur l’épaule gauche, les bras ballants. Grand, bien pris dans sa jaquette noire sur laquelle tranchait un large pantalon hachuré de gris, il formait un parfait modèle pour ces raides et curieuses gravures sur bois qui illustrent les situations pathétiques des romans du Young ladies’ journal.

Lentement, la jeune fille releva la tête et sembla sortir d’une rêverie. Ses yeux se fixèrent sur Mosselman avec une expression de tristesse infinie. Et puis, brusquement, elle rompit sa pose, tendit la main au jeune homme.

— Je vous aime, murmura Ferdinand d’un accent concentré, idolâtre, en saisissant sa main.

La figure de la jeune fille s’éclaira. Un languide sourire passa sur ses lèvres.

— Oh ! dit-elle, que je suis heureuse ! Je pensais que c’était fini et que vous m’aviez quittée pour toujours !

Il posa le doigt sur la cicatrice de son front, et, moqueur par contenance, il répondit d’une voix grave :