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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/178

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VI


Dans la grande salle blanche et or, les lustres flamboyaient dessus la cohue convulsive des couples qui se bousculaient en attendant la première valse. L’air, chargé de fragrances grasses, bizarres, s’alourdissait toujours davantage, devenait irrespirable. La sueur dégoulinait des fronts en perles zigzaguantes, ravinait la poudre de riz des figures, moitait les épaules nues et marquait déjà sous les aisselles des robes claires une grande demi-lune sombre.

Les jeunes gens criaient tout haut qu’il faisait une « chaleur de bête » et blâmaient les administrateurs de n’avoir pas, en prévision de l’affluence certaine, assuré la ventilation parfaite de la salle. Que dirait la famille royale en pénétrant dans une telle atmosphère !