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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/189

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FERDINAND MOSSELMAN

Il rayonnait. Les jeunes filles le suivaient longuement des yeux par-dessus l’épaule de leur cavalier. Sa bonne mine et l’honneur d’avoir figuré dans la chaîne de princesses lui donnaient un prestige irrésistible. Dans le premier étourdissement du succès, il n’avait pas encore conscience de sa force. Un coup d’œil qu’il jeta vers les bas-côtés, où toutes les mères et tous les pères le contemplaient à travers une souriante hébétude, lui révéla sa gloire. Soudain, il aperçut, près de l’orchestre, M. Verhoegen, qui, de la main, lui envoyait un bonjour amical. Il répondit par un salut plein de déférence qui empourpra le cordier de joie et d’orgueil.

Ah ! Cappellemans — qui d’ailleurs n’était pas venu — ne devait plus exister pour cet homme. Son absence inconvenante justifiait une rupture.

Mosselman pressentait la victoire. Une détente se fit en lui : il dut s’appuyer contre une colonne, tant son émotion était forte.

Il restait là, plongé dans une torpeur délicieuse, à cent lieues du bal resplendissant, quand on frappa sur son épaule :

— Eh, pardieu, s’écria Joseph souriant, à quoi penses-tu donc derrière ce palmier, dans cette attitude poétique et fatale ?