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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/233

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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

presque dans ses bras, sans souci de sa fraîche toilette qu’elle avait sauvée du déluge. Et le brave homme souriait, faisait l’esprit fort que le plus effroyable tonnerre ne saurait émouvoir.

— Frans, dit-elle encore, vous ne me quitterez pas ce soir. Je ne dormirais pas tranquille.

Il la regarda, très étonné de ce ton de câlinerie qu’il ne connaissait pas, et vit ses yeux ardents qui brillaient dans l’ombre comme ceux des chats. Jamais, il ne lui avait vu ces yeux-là. À les fixer, il éprouvait tout à coup un émoi singulier.

La voiture descendait maintenant la Montagne de la Cour et le sabot des freins qui mugissaient comme la sirène d’un steamer, mettait dans les jambes de M. Posenaer des tas de fourmis chatouillantes.

Ils débarquèrent. Mais, comme ils s’engouffraient dans le vestibule, un éclair flamboya suivi d’un coup de tonnerre formidable qui ébranla toute la maison.

La jeune femme poussa un cri et s’affaissa palpitante sur la poitrine de son mari.

— Frans, ne me quittez pas ! J’ai trop peur !

Il dut la porter jusque dans sa chambre et la déposa sur le canapé. Alors, il lui dit avec un rire à la fois hardi et timide :