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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/24

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LE CHÂTIMENT

que ses souliers molière n’étaient pas lacés. Aussitôt, elle posa le pied droit sur une chaise. Mais tout à coup, un ferret sauta et le ruban de soie refusa obstinément de s’engager dans l’œillet.

Penchée, pleurante de sueur, Mme Keuterings s’acharnait à cette besogne impossible — car un lacet sans ferret est plus indomptable que tous les zèbres et il ne passera pas, en dépit des plus féroces tortillements, là où il a décidé de ne pas passer — quand elle s’écria avec exaltation :

— Et mon corset ! Jésus Maria ! J’allais oublier mon corset !

Vite, elle abandonna ses souliers maudits, rejeta sa robe par-dessus la tête et, saisissant sa cuirasse, elle l’appliqua sur son torse robuste.

Puis, les pattes dans chaque main, elle imprima au corset des glissements de gauche à droite et de droite à gauche, afin d’agrafer le busc.

Elle dépensait dans cet ajustage une force excessive, se rentrait tant qu’elle pouvait, travaillait à diminuer son volume — car il est parfois bien plus difficile de se faire moins grosse que le bœuf — quand la voix de M. Keuterings résonna de nouveau :

— Voyons, Clémence, est-ce pour aujourd’hui ou pour demain ? Est-ce que vous êtes prête