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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/253

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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

et les cuisinières étaient empoignées à l’aspect de ces vagues échevelées, furibondes. Léontine, qui portait le petit Kaekebroeck, restait bouche bée, les yeux fixes. Elle voyait la mer pour la première fois et ce phénomène l’emplissait de stupeur. Elle finit par s’écrier gentiment dans son bon cœur filial qui regrettait d’éprouver une joie qu’il ne pouvait partager :

— Mon Dieu, si ma mère verrait ça !

Adolphine eut alors une inspiration charmante. Elle saisit le petit Albert endormi sur l’épaule de sa bonne, courut jusqu’au bord de l’estran. Et là, au milieu des flocons d’écume jaunâtre cueillis, éparpillés par la tempête, elle souleva son fils, le tint à bras tendus, face à la mer, devant sa valeureuse poitrine. C’est ainsi qu’elle le présentait solennellement à la « Grande Verte », demandant pour lui la santé et la force.

L’enfant ouvrit ses yeux bleus et, tout à coup, il sourit à la mer. Et rien n’était si impressionnant que le calme sourire du petit garçon devant ces montagnes liquides qui roulaient, s’entrechoquaient, s’effondraient avec un fracas formidable !