Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
243
LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

eût mal calculé son élan ou que sa corpulence hippopotamesque perdît facilement le centre de gravité, la grosse dame mit un genou en terre comme Christophe Colomb en débarquant sur le Nouveau Monde. Elle poussa un cri aigu, mais, se sentant observée, elle se força aussitôt à rire afin de décourager les railleurs.

— Allons, fit son mari furieux, est-ce que vous allez vous relever, Malvina ? Tout le monde gèle à cause de vous.

Elle se redressa non sans peine et apparut alors dans toute sa splendeur d’apoplectique. Elle était habillée comme Erôs d’un court chitton de serge rose où saillaient les arêtes d’un corset formidable. Au moindre mouvement, sa gorge flasque, presque liquide, ballottait comme ces tripailles sous les cahots des camions d’abattoir. Ses bras rouges, monstrueux, se contournaient en anses loin du corps, et les jambes sans dessin étaient pareilles aux fûts qui supportent le mastodonte. Telle, elle ressemblait à une de ces terribles femmes de foire qui se font tirer le canon sur le ventre !

À sa vue, toute la plage accourut. Ce fut un véritable événement. Joseph, redoutant l’honneur d’un burlesque triomphe, jugea qu’il était