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LE CHÂTIMENT

sus : leurs habits plus simples et mieux ajustés dénonçaient un rang bourgeois respectable. Mais ils n’en étaient pas plus fiers pour cela et montraient à tous une cordialité sincère.

Leur fils Joseph les accompagnaient : c’était un grand garçon de vingt-neuf ans qu’ils avaient eu très tard et qui formait avec eux un étrange contraste. Long et mince, très élégant, il était d’une froideur, d’une taciturnité dont rien ne le pouvait sortir. On assurait qu’il vivait plongé dans les livres et on l’appelait le « savant ». À son air las et très distingué, on eût dit d’un jeune et grave attaché d’ambassade fourvoyé dans une bande de Bruxellois en goguette.

Son ami Mosselman, gai, rose, souriant, était sa vivante antithèse.

Toutes les dames, fors la vieille Mme Kaekebroeck et l’opulente Mme Keuterings, ruisselaient de chaînes, de croix, de boucles d’oreilles, et se drapaient dans de longs châles des Indes. Et leur tête supportait des chapeaux à fleurs, quelque chose comme tout le massif de rhododendrons de l’avenue Louise !

Quant aux hommes, ils étaient coiffés d’un haut de forme et revêtus d’une redingote de drap noir, hormis Ferdinand Mosselman et Joseph