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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/291

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De vrai, la chaleur était accablante et perlait en sueur au front des convives. Par surcroît, des petites bêtes d’orage s’abattaient à tout instant sur les figures, les chatouillaient, les picotaient, s’acharnant à leur besogne en dépit des coups de mouchoirs exaspérés.

— Mais voyez un peu là-bas, dit M. Posenaer le bras étendu dans la direction de la mer, ça va se gâter tout à l’heure…

En effet, de gros nuages noirs montaient lentement dans l’azur du ciel.

— Écoutez…

Des grondements lointains se faisaient entendre par intervalle.

— Oui, oui ça y est, confirma M. Rampelbergh, le tonnerre se rapproche.

Alors, Mme Posenaer, encore tout émue de l’éclat de Joseph, demanda la permission de se lever pendant une minute :

— Je suis un peu drôle, dit-elle à son mari en souriant avec effort, je crois que c’est le Champagne… Le grand air me remettra… Non, non, je t’en prie, ne m’accompagne…

Elle n’acheva pas. Soudain, elle jeta un cri étouffé et roula sur le tapis avant que personne eût pu la retenir…