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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/34

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LE CHÂTIMENT

À la table d’honneur, étaient assis les mariés, le petit Théodore Van Poppel, timide et rougissant sous ses cheveux hérissés, et Adèle Spineux, une grande fille maigre, aux yeux candides, toute blanche à force d’être blonde — ce qui n’empêchait pas les époux de se regarder avec l’extase des amants célèbres et chromolithographiés. Puis venaient M. et Mme Van Poppel, M. et Mme Spineux et les parents très rapprochés.

Aux deux autres tables, se rangeaient les cousins éloignés, tous ceux qui étaient un peu « famil » et les connaissances.

Pour Ferdinand Mosselman, il avait trouvé le moyen de s’asseoir entre Mme Keuterings et Mme Posenaer, tandis que le pauvre Joseph Kaekebroeck s’était laissé conduire très loin de son ami, à côté de deux grosses dames de Wavre à qui il ne disait pas un mot.

Pendant le potage, presque tout le monde fut silencieux ; seul, le loquace M. Spineux élevait la voix pour conter ses impressions de la matinée.

— Oui, disait-il, quand j’ai vu cette petite se « prostituer » au pied des autels, ma foi, ça m’a fait quelque chose ! Une fille unique, on a beau dire !

À ces mots, la douce Mme Spineux ruissela dans sa serviette.