Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
LES FIANÇAILLES

portable ; elle le désignait d’avance aux faciles quolibets des sots.

Par contre, elle lui avait donné cette timidité charmante qui mettait une grâce infiniment douce, spleenique, dans ses gestes sobres et ses paroles d’une attique pureté de langue et d’accent.

Joseph Kaekebroeck regrettait souvent d’être né dans une opulente maison, plutôt que dans la sombre ruelle où vit le peuple insouciant : « Là, au moins, disait-il, j’eusse été parfaitement à ma place. Là, j’aurais grandi obscurément, sans orgueil, sans blessures, et je serais devenu un ouvrier jovial et très sage dont le nom n’eut jamais strapassé le cœur ni la figure. Un jour enfin, je me serais marié bonnement, sans nul obstacle, avec Mlle Van Steenkist, et il m’eût été absolument égal que nos deux noms fissent la paire… »

Et il maudissait d’une âme inquiète le sort malveillant, qui l’avait enrichi pour le mieux conduire dans une société raffinée où son nom provoquait derrière les éventails des sourires, de petites toux sèches, qu’il trouvait d’ailleurs parfaitement excusables…