Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LES FIANÇAILLES

sentit ses cheveux se raidir et sa face, subitement altérée, montrait un affreux malaise. Pourtant il se domina :

— Voyons, dit-il avec effort, et qui donc voulez-vous que j’épouse ?

Ils voulaient, les bons parents, qu’il mariât une fille comme il faut, une demoiselle de la haute bourgeoisie qui répandrait sur la famille Kaekebroeck un beau lustre et lui ouvrirait les portes du monde.

Mais ce rêve orgueilleux déplaisait à Joseph et, tout de suite, il détruisit un espoir dont l’accomplissement, à supposer qu’il ne fut pas chimérique, lui semblait le pire malheur.

— Non, non, s’écria-t-il, pris d’une subite exaltation, je hais ces filles minces et mignardes : elles n’ont point de cœur. Je n’aime pas les fleurs montées sur fil de fer. Écoutez cependant : je veux épouser une femme digne de vous, une autre nièce d’Hispulla, comme celle de Pline, c’est-à-dire une bonne fille bien robuste et bien douce qui vous chérira, et dont l’ignorance sera comme une glaise délicieuse sous mes doigts créateurs…

Et sur cette image, tamponnant ses lèvres avec un napperon frangé, il se leva brusquement et fut s’habiller.