Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/24

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écrivait à l’occasion dans une langue riche et impeccable. » Affirmation gratuite où la critique littéraire n’a rien à voir, si l’amitié s’y réserve ses droits. L’instrument de Coûté, et le seul, c’était le patois de son pays natal. L’argot des ateliers, il en usa assez peu. Quant à son français, il fourmille de lieux communs et de fautes. Lui qui est, en patois, d’une originalité si aiguë, écoutez-le qui parle « baisers brûlants », « extases saintes », « folles étreintes », « splendeur des soleils couchants ». Et voici pour les fautes : il dit à sa maîtresse qu’il a cru la voir

Traînant par la vie, élégante et fière,
Sous les yeux charmés du monde et de moi.

Il écrit : « On pouvait se causer bas », dans une série d’octosyllabes : « Cette tête à grimace hideuse », ignorant peut-être que l’h implique ici neuf syllabes. Je ne vois pas une seule des chansons qu’il ait écrites en français qui mérite d’être conservée. En revanche, de ce qu’il écrivit en patois, presque tout me semble digne d’être pris en considération, et plusieurs de ses plus longs poèmes — car il ne s’agit plus de chansons, — sonnent avec un accent et une force qu’on ne peut oublier.

Il naît le 23 septembre 1880 à Beaugency, où son père est meunier. Il ne manifeste aucune vocation pour