Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/23

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il faut de l’esprit, de la finesse et du sentiment, avoir de l’harmonie dans la tête, ne point trop s’abaisser et savoir n’être pas trop long. » Jean-Jacques Rousseau la définit : « Espèce de petit poème lyrique fort court qui roule ordinairement sur des sujets agréables, auquel on ajoute un air pour être chanté dans des occasions familières, comme à table, avec ses amis, avec sa maîtresse, et même seul, pour éloigner quelques instants l’ennui, si l’on est riche, et pour supporter plus doucement la misère et le travail, si l’on est pauvre. » Qu’un Ronsard, un Malherbe, un Hugo, pénètrent dans le domaine de la chanson : immédiatement, elle apparaît autre. De ce nouvel aspect elle conserve quelque chose avec un Pierre Dupont. Mais, du double fait du fond et de la forme, elle est condamnée à ne pas sortir d’un cercle de redites qu’à défaut de génie le vrai talent peut seul renouveler. Ce ne fut point le cas de Gaston Coûté, lorsqu’il n’écrivait pas en patois.

Du patois beauceron il a tiré les mêmes effets que Bruant, à sa manière, et Rictus, à la sienne, de l’argot parisien. Il n’était pas fait pour le français. Peu m’importe qu’on ait écrit de lui : « Telles de ses chansons sont, par la beauté de la forme et de la pensée, des chefs-d’œuvre durables. Car cet écrivain, qui maniait avec tant de sûreté le patois campagnard et l’argot des ateliers,