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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/189

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.


Le haut clergé de France se composait alors de dix-huit Archevêques, dont six Primats titulaires et celui des Gaules, Archevêque et Comte de Lyon, Primat effectif ; de cent douze Évêques, seigneurs temporels, et presque tous possessionnés féodalement de leur ville épiscopale ; de treize cent soixante-quinze Abbés, crossés, mitrés et possesseurs de fiefs, enfin de quatre grands Abbés généraux d’ordres, et de quatre Supérieurs-Généraux de congrégations monastiques.

Parmi tous ces Prélats, il ne s’en trouvait guère que quatre qui pussent être suspectés d’intentions coupables, ou de propension favorable au philosophisme. L’Évêque de Grenoble et l’Archevêque de Sens ont péri de la manière la plus horrible et la plus scandaleuse. L’Évêque de Viviers n’avait pas l’usage de sa raison, ce qui doit faire excuser sa conduite ; l’Évêque d’Orléans a fini misérablement, mais l’Évêque d’Autun nous reste ; il affronte le mépris universel avec un phlegme véritablement philosophique, et si je vous rapportais certains passages de ses nombreux mandemens contre les philosophes et le matérialisme du siècle, vous en seriez bien étonné ! il en serait peut-être surpris lui-même ; car il ne se souvient jamais de ce qu’il a dit dans ses discours d’apparat, ni de ce qu’il a publié dans ses écrits, par la bonne raison qu’il n’en a jamais été l’auteur[1].

  1. J’ai conservé la collection des mandemens épiscopaux et des lettres pastorales de M. de Talleyrand, qui se faisaient presque toujours remarquer par une affectation de rigorisme et