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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/66

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SOUVENIRS

issues pour arriver sur la place de Louis XV et pour en sortir, c’est-à-dire la route de Vetsailles, (avenue du Cours-la-Reine), et ladite rue Royale, qui avait absolument la forme et tous les inconvéniens d’un entonnoir. En réjouissance du mariage de Monsieur le Dauphin, le Prévôt des Marchands (c’est toujours M. Bignon) avait eu l’ingénieuse pensée d’établir une foire sur le boulevard du Nord ; et, de peur qu’on ne le soupçonnât de vouloir accorder aux marchands forains quelques exemptions favorables à raison de la circonstance, il eut soin de faire afficher et proclamer à tous les coins de rue que cette foire ne serait pas franche. Il espérait apparemment que le loyer de ces boutiques équivaudrait à ses frais d’artifice et d’illumination. Voyez la belle économie pour la ville de Paris, qui n’avait pas moins de 28 millions de rente !

En concordance avec cette foire sur le boulevard de la Madeleine et ses barraques éclairées de petites lanternes qui firent le plus misérable effet du monde, M. Bignon avait choisi (préférablement à tout autre lieu) la place de Louis XV pour y faire tirer un feu d’artifice ; et, comme il ne voulait pas se relâcher de ce qu’il appelait son droit de police et d’autorité prévôtale, il avait écrit à M. de Sartines de se tenir tranquille, et il avait fait dire à Bontemps qu’il eût à rentrer son pont tournant des Tuileries, parce qu’il ne voulait pas avoir la responsabilité de ce qui pourrait arriver dans le jardin pendant le reste de la nuit. Grâce à la prévoyance de M. Bignon, M. Bontemps fit tourner le pont des Tuileries, ce qui fut encore un inconvénient pour le public, et