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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/105

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

mais c’est l’Assemblée constituante qui a tué le Roi. La Convention n’a tué que l’homme. Les constituans l’avaient accusé, détrôné, dépouillé, condamné ; les conventionnels n’ont fait que le livrer à la hache ; ils ont été parricides, mais tes véritables régicides ont été les Lafayette et les Talleyrand[1].

Entre les opinions qui furent émises à la Convention par les régicides, et qui nous furent transmises par les journaux du temps, il n’est pas mal à propos de vous signaler celle du député Saint-Just, à cause de sa dialectique.

« Représentans, on voudrait vous persuader que le ci-devant roi devrait être jugé en simple citoyen ; et moi, je vous dit qu’il doit être jugé en ennemi ; que vous avez moins à le juger qu’à le combattre, les formes de la procédure à son égard ne devant point être prises dans le droit civil, mais dans la loi du droit des nations. Les lenteurs, le receuillement et l’équité vulgaire seraient ici de véritables imprudences ; la plus funeste serait celle qui vous ferait temporiser avec lui. Un jour on s’étonnera qu’au dix-huitième siècle on ait été moins avancé que du temps de César. Là, le tyran fut immolé en plein sénat, et aujourd’hui vous voulez faire avec une sorte de respect le pro-

  1. Le Cardinal Maury disait en 1812, au conventionnel Fouché de Nantes : Les Notables étaient des extravagans : à l’Assemblée nationale, nous étions des écervelés : les membres de la Constituante étaient des coquins : mais ceux de la Convention nationale étaient des gredins, vous n’en disconviendrez pas, Monsieur le Duc. (Note de l’Éditeur.)