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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/106

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SOUVENIRS

cès d’un homme assassin du peuple ? Que ne doivent pas craindre les véritables amis de ta liberté en voyant trembler la hache dans vos mains ? Pour moi je n’y vois point de milieu, cet homme doit régner ou mourir : et ne pas juger un roi comme on jugerait un citoyen ? Ceci ne manquera pas d’étonner la postérité froide. Hâtez-vous donc, car il n’est pas de citoyen qui n’ait sur Louis le même droit que Brutus avait sur César. Louis étant un autre Catilina, son meurtrier pourrait dire, comme le consul de Rome, qu’il a sauvé la patrie. Louis a combattu le peuple ; il est vaincu, c’est un barbare, c’est un étranger, c’est un criminel ! Ce traitre n’est pas le roi des Français, ou, pour mieux dire, il ne l’est plus ; c’est le chef de quelques conjurés. Il est le meurtrier de la Bastille, du cinq juin et du dix août. Quel ennemi, quel étranger a jamais fait plus de mal à notre patrie ?… »

Écoutez présentement l’Abbé Grégoire, cet évêque janséniste et constitutionnel, institué par M. de Talleyrand « Lorsque j’ai entrepris de lutter il y a seize mois, contre les brigands de l’Assemblée nationale, j’ai prouvé que Louis Capet pouvait et devait être mis en jugement. Tous les monumens de l’histoire déposent que la royauté et la justice sont, comme les deux principes des Manichéens, dans une lutte perpétuelle ; que les rois sont la classe d’hommes la plus immorale que lors même qu’ils font un bien apparent, c’est pour s’autoriser à faire un mal réel ; que cette classe d’êtres purulens fut toujours la lèpre des gouvernemens