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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/72

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SOUVENIRS

« La Reine et Madame furent établies dans la même chambre, qui était séparée de celle de Monsieur le Dauphin et de celle de ma Mère par une petite antichambre dans laquelle couchait la Princesse de Lamballe. Le Roi fut logé au second, et Madame Élisabeth, pour laquelle il n’y avait plus de chambre fut établir près de celle du Roi, dans une cuisine d’une saleté épouvantable ; cette bonne Princesse dit à ma mère qu’elle se chargeait de moi. Effectivement elle fit mettre un lit de sangle auprès du sien, et nous passâmes la nuit sans dormir, la chambre dans laquelle donnait cette cuisine servant de corps-de-garde.

« Le lendemain à huit heures nous descendîmes chez la Reine, qui était déjà levée et dont la chambre devait servir de salon ; depuis on y passa les journées entières et on ne remontait au second que pour se coucher. L’on n’était jamais seul dans cette chambre de la Reine : toujours un municipal était présent ; à toutes les heures il était changé.

« Tous nos effets avaient été pillés dans notre appartement des Tuileries. Je ne possédais absolument que la robe que j’avais sur le corps lors de ma sortir du château. Madame Élisabeth, à qui l’on venait d’envoyer quelques effets, me donna une de ses robes ; elle ne pouvait aller à ma taille ; nous nous occupâmes de la découdre pour la refaire ; tous les jours, la Reine, Madame, Madame Élisabeth y travaillaient un peu ; c’était notre occupation. Mais nous ne pûmes la finir.

« La nuit du 19 au 20 d’août, il était environ