Page:Crevel - Détours, 1924.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pierre, et mes paumes avaient eu la joie de trouver enfin quelque chose de moins brûlant ; des gouttes attendrissaient la poussière ; pour tout végétal, le lilas d’une caisse verte ; mais entre les murs de cette gare modèle et désaffectée s’épanouissait quand même un coin de paysage authentique : la vieille église avec une mesure d’évêque et le ton d’une reine douairière incognito prétendait que l’ordre n’est pas ennemi de certaine beauté ; alors, mon Dieu, pourquoi ne point faire semblant de s’être laissé convaincre.

Le sol était pavé, carrelé plutôt. Bêtement j’avais pensé : « Heureux qui vient en cette maison, décidé à ne plus fouler la terre mouvante »; ainsi toujours s’accepte l’appui des symboles qui bercent l’orgueil et les déceptions des très jeunes hommes.

J’écrivis à M. Dupont-Quentin dont j’avais été le disciple irrégulier. Je m’excusai d’avoir jusque-là si mal profité de son enseignement, lui parlai de mes deuils, d’une grande douleur, de maladie. En manière de péroraison, je m’engageais à suivre ses cours et ajoutai quelques mots pour lui demander quand il me serait possible de l’aller voir.

La réponse fut lente à venir et celle qui me parvint n’était pas de la main du professeur.

Il m’était dit :


« Monsieur,

« Je vous avais bien vu l’an dernier aux conférences de mon père, mais il m’avait semblé que vous y veniez surtout pour une jeune femme. Elle s’appelait Léila,