Page:Crevel - Détours, 1924.djvu/55

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vous ennuient, vous lirez les derniers manuscrits de votre maître.

« Cyrille a rencontré votre amie Léila, très fâchée que vous l’ayez laissée sans nouvelles depuis le soir où, paraît-il, vous l’avez quittée comme un fou. Je vois que je ne suis pas la seule à qui vous dédaigniez d’écrire. Je suis un peumoins en colère.

C. B. »


Je n’avais guère envie d’aller voir cette bavarde.

Décidément, pensai-je, l’amour qui calme l’exubérance de certaines vierges chaudes s’est trouvé au contraire avoir raison du calme de Scolastique Dupont-Quentin. Je me rendrai à son invitation, mais me montrerai de mauvaise humeur et prêt à lui dire quelques bonnes vérités.

D’abord pédante, puis princesse russe, sans doute parce qu’un jour on a dû lui dire que Ludmilla, Elsa et autres noms nordiques se trouvaient à la mode, de retour à Paris, elle va changer de snobisme, troquer la sensualité contre une manie d’un nouveau genre, étudier les problèmes sociaux ou l’économie politique, peindre ou sculpter, écrire des vers ou des romans.

Les psychologues et le dictionnaire Larousse expliquent l’homosexualité dans les pays orientaux par l’infériorité intellectuelle de la femme ; or quel vice n’excusera point les prétentions à l’intelligence d’une Léila ou d’une Scolastique Dupont-Quentin, princesse Boldiroff. À cette Boldiroff, samedi je dirai qu’elle rate sa vie, que les bibliothèques ne lui réussissent pas, que les sports d’hiver lui