Page:Crevel - Détours, 1924.djvu/78

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d’un Finlandais. Son exil avait la nostalgie des femmes aux cheveux pâles ; c’est pourquoi je suis devenue blonde. Le malheur fut que ce Finlandais avait de mauvaises mœurs, et séduisit Bruggle avec lequel il me trompa. Myriam, la douce Myriam qui me préférait à tous m’en avertit. Je trouvai l’aventure fort compliquée et chassai les deux hommes. C’est alors que Myriam disparut. D’abord je soupçonnai Bruggle de l’avoir, par vengeance, assassinée. Il n’en était rien. La danseuse a, paraît-il, épousé le Finlandais. Toute cette histoire m’est d’ailleurs devenue bien indifférente, et puis je déteste maintenant l’odeur mélangée des sports ambigus et des vices à recettes.

— Et pour vous distraire, Léila ?

— Pour me distraire je me contente d’être amoureuse, et cette fois pour de bon.

— Amoureuse ? Homme, femme, animal ?

— Idiot. Puisque je suis pour la pureté. J’aime un bel adolescent. Son nom est illustre. Je dois le taire encore, mais d’ici peu je serai son épouse. »

Cyrilla interrompit l’hindoue.

« Mais c’est un roman cinéma.

— Ne vous choquez point, Scolastique. Si j’avais l’insolence de votre mari, je vous appellerais bourgeoise des Batignolles. Vous n’avez couché qu’avec un seul homme ; vous ne pouvez pas comprendre, Scolastique. (Elle appuya sur le nom que Mme Boldiroff détestait.)

— Une femme n’a pas besoin d’avoir eu vingt amants pour avoir notion de sa liberté. Quant à mon nom, sachez qu’il n’est point Scolastique, mais Cyrilla.