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Page:Curie - Recherches sur les substances radioactives, 1904.djvu/151

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RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES RADIOACTIVES.

dehors autant d’émanation) qu’un échantillon du même sel qui, après avoir été préparé à l’état solide, est resté dans cet état un temps suffisant pour atteindre la radioactivité limite. L’activité radiante de ces deux produits est pourtant extrêmement différente ; le premier est, par exemple, 5 fois moins actif que le second.


Variations d’activité des sels de radium par la chauffe. — Quand on chauffe un composé radifère, ce composé dégage de l’émanation et perd de l’activité. La perte d’activité est d’autant plus grande que la chauffe est à la fois plus intense et plus prolongée. C’est ainsi qu’en chauffant un sel radifère pendant 1 heure à 130° on lui fait perdre 10 pour 100 de son rayonnement total : au contraire, une chauffe de 10 minutes à 400° ne produit pas d’effet sensible. Une chauffe au rouge de quelques heures de durée détruit 77 pour 100 du rayonnement total.

La perte d’activité par la chauffe est plus importante pour les rayons pénétrants que pour les rayons absorbables. C’est ainsi qu’une chauffe de quelques heures de durée détruit environ 77 pour 100 du rayonnement total, mais la même chauffe détruit la presque totalité (99 pour 100) du rayonnement qui est capable de traverser 3cm d’air et 0mm,01 d’aluminium. En maintenant le chlorure de baryum radifère en fusion pendant quelques heures (vers 800°), on détruit 98 pour 100 du rayonnement capable de traverser 0mm,3 d’aluminium. On peut dire que les rayons pénétrants n’existent sensiblement pas après une chauffe forte et prolongée.

Quand un sel radifère a perdu une partie de son activité par la chauffe, cette baisse d’activité ne persiste pas : l’activité du sel se régénère spontanément à la température ordinaire et tend vers une certaine valeur limite. J’ai observé le fait fort curieux que cette limite est plus