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Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/32

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revenait seul, Kazan n’en fut point étonné, car il savait ce que, la nuit, dans cette main, le gourdin voulait dire.

La face du guide avait pris maintenant un aspect effrayant. Ce n’était plus un homme, mais une bête féroce. Il avait perdu son bonnet de fourrure et était tête nue sous la neige. Il émettait, par saccades, un rire ignoble, qu’il refrénait aussitôt. Kazan se tapit plus profondément dans l’ombre et voici ce qu’il vit. Mac Cready, qui tenait d’une main le gourdin, de l’autre la lanterne, se dirigeait vers la tente du maître. Là, abandonnant son gourdin, il souleva la porte. Après avoir jeté un regard à l’intérieur et constaté que la jeune femme dormait toujours, il entra, souple et silencieux comme un chat. La porte retomba sur lui.

Une fois dans la place, le guide suspendit la lanterne à un clou du pieu central, qui supportait la tente. Isabelle continuait à reposer paisiblement et Mac Cready la fixa, fixa…

Dehors, dans la nuit épaisse, Kazan essayait de sonder la signification des choses insolites qui se succédaient. Son maître, tout d’abord, avait disparu. Puis, qu’est-ce que le guide pouvait aller faire dans cette tente, où tout ce qu’elle contenait appartenait au maître ? Par un étroit écartement de la toile, il apercevait l’ombre énorme de Mac Cready. À tout hasard, le chien-loup s’était mis sur ses pattes, à l’arrêt, le dos tendu et hérissé. Soudain, un grand cri retentit. Dans la terreur farouche de ce cri, il avait aussitôt reconnu sa voix, à elle, et il bondit vers la tente. La chaîne l’arrêta et le collier auquel elle était attachée étouffa le hurlement de sa gorge. Il savait maintenant, à l’ébranlement de la tente et aux heurts que recevait la toile, que sa maîtresse était aux prises avec l’homme et qu’ils luttaient tous