Aller au contenu

Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XIV

CE QU’APPORTA LA TEMPÊTE


Philip avait peine à contenir sa joie. Il en oubliait Bram, les loups et les Esquimaux, et l’horreur d’une situation presque désespérée. « Son père ! » Il aurait voulu crier de bonheur, danser en rond autour de la chambre, avec Célie entre ses bras.

Mais il fallait se contenir. Il redoutait de rencontrer dans ces yeux d’améthyste, au velours profond, la réprobation de son outrecuidance, s’il allait trop loin. Déjà ne s’était-il pas trahi, devant leur regard interrogateur, quand elle lui avait dit que l’image figurait son père. Elle avait paru s’étonner, et de son émotion, et de son allégresse soudaine. Sûrement elle avait compris. Et c’était pour Philip une indicible volupté de songer qu’un homme et une femme peuvent être nés aux antipodes l’un et l’autre, et n’avoir entre eux aucun langage commun, sans que cela soit capable d’empêcher leurs deux cœurs de vibrer à l’unisson et de se communiquer leurs