Aller au contenu

Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pays, c’est perdre l’ennemi sans rien risquer. La dévastation et la dişette commenceront sa ruine, l’hiver et l’incendie la consommeront ; brûlons Moscou pour sauver le monde.

L’Empereur Alexandre modifia ce plan dans l’exécution. Il exigea qu’un dernier effort fût tenté pour garantir sa capitale.

On sait avec quel courage les Russes combattirent à la Moskowa. Cette bataille, qui a reçu de leur maître le nom de Borodino, fut glorieuse pour eux et elle le fut pour nous, puisque, malgré leurs généreux efforts, ils ne purent empêcher notre entrée à Moscou.

Dieu voulait fournir un récit épique aux gazetiers du siècle, siècle prosaïque entre tous ceux que le monde a vus s’écouler. Moscou fut sacrifié volontairement, et la flamme de ce pieux incendie devint le signal de la révolution de l’Allemagne et de la délivrance de l’Europe.

Les peuples sentirent enfin qu’ils n’auraient de repos qu’après avoir anéanti cet infatigable conquérant, qui voulait la paix par le moyen de la guerre perpétuelle.

Tels sont les souvenirs qui dominaient ma pensée à la première vue du Kremlin. Pour récompenser dignement Moscou, l’Empereur de Russie aurait dû rétablir sa résidence dans cette ville deux fois sainte.

Le Kremlin n’est pas un palais comme un autre, c’est une cité tout entière, et cette cité est la souche