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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/153

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furent dans la consternation ; et la Russie se crut au pouvoir du vainqueur. C’est à Pétersbourg que l’Empereur Alexandre reçut cette désastreuse nouvelle.

Son ministre de la guerre partageait l’opinion générale, et voulant soustraire à l’ennemi ce qu’il avait de plus précieux, il mit une quantité considérable d’or, de papiers, de bijoux, de diamants, dans une petite caisse qu’il fit porter à Ladoga par un de ses secrétaires, le seul homme auquel il crut pouvoir confier un tel dépôt. Il lui dit d’attendre là de nouvelles instructions, en lui annonçant que probablement il lui enverrait l’ordre de se rendre avec la cassette au port d’Archangel, et plus tard en Angleterre. On attendait avec anxiété des détails ultérieurs ; quelques jours se passèrent sans qu’on vît arriver de courrier ; enfin le ministre reçut l’avis officiel de la marche de notre armée vers Moscou. Sans hésiter un instant, il renvoie chercher à Ladoga son secrétaire et sa cassette, et se rend chez l’Empereur d’un air triomphant. Alexandre savait déjà ce qu’on venait de lui apprendre : « Sire, lui dit le ministre, Votre Majesté a des grâces à rendre à la Providence ; si vous persistez à suivre le plan arrêté, la Russie est sauvée : c’est une expédition à la Charles XII.

— Mais Moscou, reprit l’Empereur. — Il faut l’abandonner Sire : combattre serait donner quelque chose au hasard ; nous retirer en affamant le