Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/207

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deux boyards, princes Kourakin et Nemoï, furent contraints d’embrasser l’état monastique : un grand nombre de gentilshommes et d’enfants boyards virent leurs biens confisqués, d’autres furent exilés … »

À la page 103, même tome, Karamsin nous décrit la manière dont le Czar formait sa nouvelle garde, qui ne fut pas longtemps restreinte au nombre de mille, annoncé d’abord, ni choisie parmi les classes élevées de la société.

On amenait, dit-il, des jeunes gens dans lesquels on ne recherchait pas la distinction du mérite, mais une certaine audace, cités par leurs débauches, et une corruption qui les rendait propres à tout entreprendre ; Ivan leur adressait des questions sur leur naissance, leurs amis, leurs protecteurs. On exigeait surtout qu’ils n’eussent aucune espèce de liaison avec les grands boyards : l’obscurité, la bassesse même de l’extraction était un titre d’adoption. Le Czar porta leur nombre jusqu’à six mille hommes, qui lui prêtèrent serment de le servir envers et contre tous ; de dénoncer les traîtres, de n’avoir aucune relation avec les citoyens de la commune, « c’est-à-dire avec tout ce qui n’était pas inscrit dans la légion des élus[1], de ne connaître ni parenté ni

  1. Donc la commune était la Russie entière, moins les six mille bandits gagés par le Czar. (Note du Voyageur.)