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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/208

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famille lorsqu’il s’agirait du souverain. En récompense leur Czar leur abandonna, non-seulement les terres, mais encore les maisons et les biens meubles de douze mille propriétaires, qui furent chassés, les mains vides, des lieux affectés à la légion, de sorte qu’un grand nombre d’entre eux, hommes distingués par leurs services, couverts d’honorables blessures, se trouvèrent dans la cruelle nécessité de partir à pied, pendant l’hiver, avec leurs femmes et leurs enfants, pour d’autres domaines éloignés et déserts, etc., etc., etc.[1]. »

C’est encore dans Karamsin qu’il faut lire les résultats de cette institution infernale. Mais les développements dont l’historien appuie son récit ne peuvent trouver place dans un cadre aussi resserré que celui-ci.

Une fois cette horde lâchée contre le pays, on ne voit partout que rapines, qu’assassinats ; les villes sont pillées par les nouveaux privilégiés de la tyrannie, et toujours impunément. Les marchands, les boyards avec leurs paysans, les bourgeois, enfin tout ce qui n’est pas des élus appartient aux élus. Cette garde terrible est comme un seul homme dont l’Empereur est l’âme.

Des tournées nocturnes se font dans Moscou et aux

  1. Ceci ne ressemble-t-il pas aux ukases dernièrement promulgués contre les juifs des frontières russes.