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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/277

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et enfin le petit palais anguleux qui est un bijou et un joujou ; cette construction rappelle un peu les chefs-d’œuvre de l’architecture moresque, elle brille par son élégance au milieu des lourdes masses qui l’environnent : on dirait d’une escarboucle enchâssée dans des pierres de taille ; ce palais est à plusieurs étages, dont les inférieurs sont plus vastes que ceux qu’ils supportent : ce qui multiplie les terrasses et donne à l’édifice entier une forme pyramidale d’un effet très-pittoresque. Chaque étage s’élève en retraite sur l’étage inférieur, et le dernier, qui forme la pointe de la pyramide, n’est qu’un petit pavillon. A chacun de ces étages, des carreaux de faïence vernissés à la manière des Arabes, dessinent les lignes d’architecture avec beaucoup de goût et de précision ; malheureusement ces ornements sont modernes. L’intérieur vient d’être remeublé, vitré, colorié, restauré en entier, non sans intelligence.

Vous dire le contraste produit par tant d’édifices divers entassés sur un seul point qui fait le centre d’une ville immense, et, au milieu de cette confusion, vous peindre l’effet de ce petit palais nouvellement reconstruit, mais dont les ornements sont d’un style ancien approchant du gothique et mélangé d’arabe, c’est impossible : ici des temples grecs, là des forts gothiques, plus loin des tours indiennes, des pavillons chinois, le tout bizarrement enchâssé dans une