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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/278

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enceinte fermée par des murailles cyclopéennes, voilà ce qu’il faudrait vous montrer d’un mot, comme on l’aperçoit d’un coup d’œil.

Les paroles ne peignent les objets que par les souvenirs qu’elles rappellent : or, aucun de vos souvenirs ne peut vous servir à vous figurer le Kremlin. Il faut être Russe pour comprendre une pareille architecture.

L’étage inférieur de ce petit chef-d’œuvre est presque entièrement occupé par une voûte énorme portée sur un seul pilier qui fait le milieu de la pièce. C’est la salle du trône, les Empereurs s’y rendent au sortir de l’église après leur couronnement. Là, tout rappelle les magnificences des anciens Czars, et l’imagination est forcée de se reporter aux règnes des Ivan, des Alexis : c’est vraiment moscovite. Les peintures toutes nouvelles qui recouvrent les murs de ce palais m’ont paru cependant d’assez bon goût : l’ensemble rappelle les dessins que j’ai vus de la tour de porcelaine à Pékin.

Ce groupe de monuments fait du Kremlin une des décorations les plus théâtrales du monde : mais aucun des édifices entassés l’un sur l’autre dans ce forum russe ne supporterait l’examen, pas plus que ceux qui se trouvent dispersés dans le reste de la ville. À la première vue, Moscou produit un effet prodigieux ; ce serait la plus belle des villes pour un porteur de