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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/305

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tants de ce monde, est ce qui les unit. Merveilleux problème : l’homme prisonnier de Dieu n’en est pas moins le roi de la nature.

Certes, si Moscou était un port de mer, ou seulement le centre d’un vaste réseau de ces ornières de métal, conducteurs électriques de la pensée humaine, et qui semblent destinées à satisfaire quelques-unes des impatiences du siècle où nous vivons, on n’y verrait pas ce que j’ai vu hier au club anglais : des militaires de tout âge, des messieurs élégants, des hommes graves et de jeunes étourdis, faire le signe de la croix et se recueillir quelques instants avant de se mettre à table, non pas en famille, mais à table d’hôte, entre hommes. Les personnes qui s’abstiennent de ce devoir religieux (il y en avait un assez grand nombre) regardaient faire les autres sans s’étonner : vous voyez bien qu’il y a encore huit cents bonnes lieues de Paris à Moscou.

Le palais où ce club est installé me paraît grand et beau, tout l’établissement est conçu et dirigé convenablement ; on y trouve à peu près ce qu’on trouve ailleurs dans les clubs. Ceci ne m’a pas surpris ; mais ce que j’admire de très-bonne foi, c’est la piété des Russes. Et je l’ai dit à la personne qui m’avait présenté à ce cercle.

Nous causions en tête à tête après le dîner, au fond du jardin du club. « Il ne faut pas nous juger