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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/100

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LE ROI

braves qui voulaient la paix par l’effroi, la fin des guerres par la guerre ; et comme la lutte allait reprendre, avec Henri pour seul chef, une négociation où la politique réduisait l’amour fit du prince gascon le beau-frère de Charles IX et l’otage de l’Italienne. Le pays désarma encore son mousquet.

Il s’agissait d’allier la France à la Navarre, Marguerite la sœur du roi au Béarnais. Pressée par Coligny, ce vieux lion de la reforme dont les rudes crocs s’énervaient aux baisers de Marie de Clèves, harcelée en outre par d’insinuants serviteurs, la triste petite reine de Pau, inquiète pour son fils, manda la fleur de ses gentilshommes, les chefs de famille, anciens routiers du roi François, et débattit avec eux, en Chambre, le pour et le contre sur cette affaire.

La plupart de ces loyaux hommes n’apercevaient dans ce mariage que l’écroulement des Guisards, mais quelques-uns, « sages têtes blanches » comme disait Jeanne, objectèrent les beautés dangereuses d’une fille grandie en cour dissolue. À peine si on les écouta.

— Enfants seront bien jeunes, dit Louis de Nassau. — Les bagues nuptiales des rois sont dans leurs fonts de baptême.

— Allons, fit Rosny père du futur Sully, qu’on sonne les cloches et qu’ils s’épousaillent, puisque la reine nous a fait venir pour délibérer leur union, mais…